RhônEco : nouvelle publication scientifique.
Résumé de l’article :
Les chenaux latéraux de la plaine alluviale du Rhône, les lônes, peuvent servir de zones de reproduction, d’alevinage ou de refuge pour les poissons. Si la complémentarité écologique entre ces chenaux latéraux et les chenaux principaux des grands cours d’eau est connue, peu de recherches ont quantifié l’usage que les poissons font de ces différents habitats et plus rares encore sont celles qui ont analysé les facteurs qui expliquent cet usage.
Ce sont les objectifs que se sont fixés les scientifiques du programme RhônEco dans le cadre de cette recherche. Ils ont réalisé des analyses statistiques (Analyse en Composantes Principales et Analyse de co-inertie) sur les données collectées depuis 20 ans sur huit tronçons restaurés du Rhône, à la fois dans les chenaux principaux et dans les lônes.
Ces analyses visent (1) à décrire les variations d’utilisation des habitats de la plaine alluviale dans l’espace et dans le temps et à identifier ainsi les fonctions écologiques de ces habitats. Le travail de RhônEco cherche aussi (2) à comprendre comment les différences de conditions physiques et leurs modifications dans le cadre de la restauration influencent l’usage des habitats par les poissons.
Les résultats montrent que l’usage des habitats est principalement lié à des facteurs spatiaux. Sans surprise, les espèces rhéophiles (espèces d’eau vives) sont plus abondantes dans les zones lotiques (zones d’eau courante) et les espèces limnophiles (espèces d’eau stagnante) dans les zones lentiques (zones d’eau calme).
En outre, les analyses ont permis d’identifier une guilde euryèce, c’est-à-dire un ensemble d’espèces regroupant les jeunes de l’année (gardon, goujon, chevesne, ablette) qui utilisent tous les types d’habitats et en particulier les lônes lentiques qui sont amenées à se combler le plus rapidement après restauration et à se déconnecter du chenal principal.
Dans une moindre mesure, les facteurs temporels expliquent également l’usage des différents habitats par les poissons. La restauration a en effet augmenté la diversité des assemblages d’espèces de poissons dans les lônes, avec des changements plus importants dans les lônes dont le régime de connectivité avec le chenal principal a été modifié. D’autre part, les périodes de hautes eaux influencent l’usage de l’habitat par les poissons en renforçant les fonctions d’alevinage et de refuge des lônes.
Ce travail de recherche démontre l’importance de restaurer la diversité des habitats aquatiques et la connectivité entre les chenaux principaux et les lônes qui ont des fonctions complémentaires pour les poissons.
Afin de mieux estimer les effets potentiels de la restauration du Rhône et de sa plaine alluviale, il est également important de prendre en compte les variations temporelles dans la compréhension et donc la gestion de cette complémentarité.
Bouloy A., Olivier J-M., Riquier J., Castella E., Marle P., Lamouroux N. (2024). Spatio-temporal dynamics of habitat use by fish in a restored alluvial floodplain over two decades. Science of the Total Environment, 906, 167540.